Le secret d’un bon portfolio : adapter les contenus selon le support de lecture et selon son public par Amand Chevallier, ancien étudiant de Master

Amand Chevallier, ancien étudiant du Campus Fonderie de l’Image en Mastère Directeur-e de création en design graphique, vous délivre ses réflexions et ses conseils pour réussir son portfolio. 

Amand Chevallier : Le book est un objet graphique, il doit représenter notre univers. Je pense que le portfolio doit être organisé, équilibré et facile à lire ! En quelques pages le recruteur doit comprendre qui on est, et on doit lui donner envie d’en voir plus. C’est un outil tellement important, et finalement plus qu’un CV en tant que designer graphique je pense.

- LIMITER LES TEXTES ET PRIVILÉGIER LES IMAGES -

Pour moi la construction d’un bon portfolio passe par le visuel et non pas, par du texte en quantité. Personnellement je suis plus visuel que rédactionnel, je préfère des visuels à des textes à rallonge. Des explications du genre « j’ai choisi cette typo car.… j’ai choisi ce logiciel, cette couleur car…. » m’ennuient et peuvent être lourdes et maladroites. Pour moi c’est un mini texte de 10 lignes max qui accompagne 5 à 10 visuels forts. Souvent on passe beaucoup de temps sur cette partie « texte » sans penser à ce que l’autre va penser, en l’occurrence moi je regarde plus que je ne lis. Je pense qu’il faut se mettre à la place du ou de la client-e parfois, s’il ou elle cherche quelqu’un-e, il ou elle va sur Google, il ou elle tape « graphic design paris » et ouvre 300 onglets et scroll et ne s’arrête pas sur des textes de 1839 lignes. Il ou elle s’arrête quand il ou elle voit des visuels qui match. Pour mon site c’est ce que j’ai voulu faire par exemple, du moins j’ai développé un site mobile et desktop. En gardant en tête que ce ne sont pas les mêmes personnes qui cherchent sur desktop et sur mobile. Donc j’ai un site mobile qui fonctionne en one scroll, plus orienté pour les personnes qui n’ont pas forcément le temps et qui veulent voir du contenu, donc une version qu’avec des images, et un site desktop avec un scroll horizontal ou il y a plus de détails quand on clique sur ces images, donc pour un public qui prend le temps de se poser, de regarder, de prendre son café et de lire plus d’explications.

©Amand Chevallier, https://​amandchevallier​.com/

- LE CHOIX DES IMAGES -

De mon point de vue, les images d’un bon portfolio sont souvent des GIFS, des gros plans, des détails et ou des mises en situation réalistes quand cela est possible et cohérent. Je dis GIF car je viens du motion design et j’aime toujours quand il y a un peu de vie dans les visuels : du flottement sur du papier, une rotation, une vibration, un dégradé… un mouvement léger mais qui apporte de la vie et qui retient l’attention. Je pense qu’il faut toujours un peu se challenger sur ces images. J’ai deux exemples concrets à ce sujet que j’ai eu la chance de faire au Campus Fonderie de l’Image. Pour mon mémoire de fin d’année, l’impression de mon mémoire n’était pas optimale et j’étais un peu en retard sur le sujet, la qualité n’y était pas forcément, donc il était pour moi impossible de le mettre sur mon portfolio dans cet état. Mais vu que j’y ai passé 6 mois, il fallait que je montre ce à quoi je me suis consacré sur cette période et pourquoi je n’étais pas trop actif concernant le reste de ma pratique. J’ai décidé alors de le faire en 3D et de réaliser les pages intérieures et la couverture de mon mémoire sous différentes formes, à l’aide d’une légère rotation en 3D. C’est en soit un peu de la triche de faire appel à la 3D dans ce contexte, mais c’était aussi un challenge et maintenant je suis plus ou moins content du résultat. Le deuxième exemple est pour mon projet de diplôme de fin d’année. J’ai fait appel à des designer-es pour une douzaine de drapeaux à designer. Puis j’ai voulu les mettre dans mon portfolio et ça m’a pris un temps fou pour les mettre dedans. J’ai peut être fait 4 shootings différents, en extérieur, en intérieur, testé de les rendre en 3D…. mais au final un dimanche matin j’ai pris mes 12 drapeaux d’1m80 puis un bon appareil photo et j’ai shooté ça sur un terrain de foot, vraiment en dernier recours, mais j’ai eu la chance d’avoir un temps parfait et très peu de vent, ce qui a complètement mis en valeur les drapeaux et ce projet. Comme quoi il faut persévérer et se saisir des images quand enfin elles émergent et qu’on arrive à les saisir.

©Amand Chevallier, https://​amandchevallier​.com/

- PRENDRE LE TEMPS -

Un autre point selon moi important pour le portfolio c’est de prendre le temps de le faire. En plus de prendre le temps de faire ces images, il faut aussi le développer. On ne peut pas se permettre de le changer tous les 2 mois. Cela prend du temps pour le construire. Il y a plein de manières de le construire et sur différentes plateformes et outils. Personnellement je suis sur pas mal de plateformes, Behance, Insta, j’ai mon site personnel, mais je suis aussi sur Malt, Linkedin, Vimeo et Dribbble. Et je trouve qu’il ne faut pas en avoir autant. Certes c’est cool, ça peut nous permettre d’avoir plus de public car les gens, les professionnel-les, ou autres ne connaissent pas toutes les plateformes, donc ça apporte du trafic mais je trouve ça bancal, car ça représente beaucoup de temps pour que tout soit uniforme. Je pense que les 4 principaux sont Linkedin, Behance, Insta et son site perso. Ce ne sont pas les mêmes personnes qui vont sur ces sites. Un Behance/Insta ou un pdf ou un site c’est hyper utile ça nous apporte de la visibilité et des rencontres quand c’est bien fait et qu’on y passe du temps. Personnellement j’ai développé mon site pendant 3 mois, une heure par là, deux heures par là… je n’y connaissais strictement rien en code, et je ne voulais pas faire comme les autres, avoir le même thème, la même typo, les mêmes effets… donc j’ai trouvé mon compte sur Laytheme, un plug wordpress qui permet d’avoir une base et de vraiment créer son propre site de A à Z et de pouvoir le custom comme on le souhaite. C’est développé par Armin Unruh qui est juste une bête en code et franchement c’est super. Certes c’est un investissement en temps mais je n’ai eu que eu des bons retours. A contrario c’est une erreur pour moi de ne passer que quelques heures, ou de prendre les outils les plus faciles pour réaliser son portfolio. Il faut être différent des autres sinon personne ne s’arrête sur le profil en question.

©Amand Chevallier, https://​amandchevallier​.com/

- LE PORTFOLIO : NOTRE PROPRE MARQUE -

Aussi, on doit entreprendre la création de son portfolio, comme l’identité d’une marque. En quelque sorte on est nous-même une marque (même si ce n’est pas évident de le dire), avec qui on collabore avec d’autres intervenant-es, donc on doit vraiment prendre soin que les projets sur lesquels on communique, aient une identité, et qu’elle se ressente. Je pense qu’on doit faire attention à ce qu’il y ait une cohérence entre nos supports, sur nos différentes pages. La même typo sur les différentes pages du portfolio, les mêmes grilles selon les pages du site… Il y a plein de codes graphiques qui apporteront cette cohérence et on sera plus facilement visible si on tient en compte ceci.

©Amand Chevallier, https://​amandchevallier​.com/

- UNE MISE À JOUR RÉGULIÈRE -

Pour moi un bon portfolio c’est un concentré d’images, de projets professionnels, ou de projets personnels ou bien de projets d’étudiant-es, mais ces images doivent être pour moi impérativement, relativement récentes. C’est à dire qu’elles ne datent pas d’il y a plus de 3 ans. J’insiste sur ce point du fait d’une expérience récente de recrutement que je viens de vivre : il y a quelques semaines, une agence voulait travailler avec moi, sur un projet, et m’a envoyé comme images réfs, des anciens travaux que j’avais laissé sur Behance qui dataient de mes débuts sur un logiciel 3D et dont la 3D ne me correspondait pas ou plus. Cela a donc constitué un peu un problème. C’est pourquoi j’insiste : oui, il vaut mieux avoir un nombre plus réduits de plateformes sur lesquelles on poste notre travail, car sinon on passe des jours pour changer et mettre à jour nos nouvelles créations.

Et à titre d’exemple, je pense à trois portfolios que j’aime beaucoup, que je trouve ludiques et avec une réelle identité et un développement que je ne vois pas sur d’autres portfolios / sites ; en plus ce qu’ils proposent apparaît plus avancé que Behance ou Insta :

http://​stefankartchev​.com/# https://​www​.jugoceania​.com/ https://​dia​.tv/

Amand Chevallier est diplômé du Campus Fonderie de l’Image en Juin 2019 en Mastère Directeur-e de création en design graphique. Âgé de 24 ans il travaille en tant que freelance Directeur Artistique - Motion Designer 2D et 3D depuis 9 mois et travaille pour des agences, studios et médias français mais aussi pour des studios allemands, américains et suisses. Intéressé par l’esthétique pop, la typographie, le mouvement, les distorsions, il aime créer des projets avec différentes approches, que ce soit en 2D ou en 3D.

site : https://​amandchevallier​.com/
Behance : https://​www​.behance​.net/​a​m​a​n​d​c​h​e​v​a​l​l​ier
Instagram : https://​www​.instagram​.com/​a​m​a​n​d​c​h​e​v​a​l​l​i​er/

Découvrez son projet de diplôme de Master mené au Campus Fonderie de l’Image -> https://​amandchevallier​.com/​n​a​i​s​s​a​n​c​e​n​o​r​m​a​n​de/ 
Accompagné du mémoire de recherche -> https://​amandchevallier​.com/​l​e​s​t​y​l​e​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​al/
Et d’un projet kinetic, de workshop à l’école -> https://​amandchevallier​.com/​k​i​n​e​t​i​c​-​k​o​n​b​i​ni/