Rencontre avec Olivier Drouet, formateur en Game design dès la rentrée !

Bonjour Olivier, merci d’avoir consacré cette interview au Campus Fonderie de l’Image. Vous débutez à la rentrée au Campus Fonderie de l’Image comme formateur en Game design, ce qui inaugurera par la même occasion l’ouverture de la formation Designer en communication graphique écoresponsable option Game design (bac +3, Titre RNCP). 

Quel parcours vous a mené à venir enseigner le Game design au CFI ?

Le domaine du numérique, et plus particulièrement celui des jeux vidéo m’a toujours intéressé. J’ai commencé mon parcours professionnel par un B.T.S. en alternance pour me former au développement informatique, avant de décrocher un premier emploi dans l’industrie vidéo-ludique comme testeur QA (quality assurance) dans une entreprise de jeux vidéo. Convaincu qu’il s’agissait vraiment du domaine dans lequel je souhaitais travailler, j’ai repris des études et ai obtenu un bachelor en Game design. Fort de ce diplôme, j’ai pu intégrer le studio parisien Dontnod entertainment, pour lequel j’ai travaillé en tant que game designer pendant environ 5 ans (Remember Me, Life is strange, Vampyr). Depuis trois ans maintenant je suis freelance, ce qui m’a donné l’opportunité d’exploiter mes compétences dans des activités et domaines plus variés, en travaillant par exemple pour une société de production audiovisuelle, une société de communication ou en partenariat avec une artiste numérique. Je suis également intervenant pédagogique dans différentes écoles de cycle supérieur où j’enseigne entre autre le Game design, le développement à l’aide de moteur de jeu et le prototypage.

Quelle définition donneriez-vous du Game design ?

On peut commencer par simplement traduire ce terme en français : le Game design c’est la conception de jeu. Plus concrètement, le Game design consiste à élaborer le gameplay d’un jeu, c’est-à-dire concevoir d’une part ses règles (game) mais également concevoir l’expérience que l’on souhaite faire vivre au joueur (play). Si le rôle du game designer peut varier d’un contexte à un autre (compétences personnelles, structure de l’entreprise, type de projet, budget…), le game design en revanche ne consiste pas à programmer le jeu, à écrire son scénario ou ses dialogues ou bien à produire des éléments graphiques ou sonores.

Qu’aimeriez-vous transmettre aux étudiant-es à qui vous allez enseigner cette matière ?

En premier lieu, évidemment, les bases de la conception d’un jeu. J’entends « jeu » au sens large, pas seulement les jeux vidéo, en commençant par exemple par prototyper des idées sous la forme de jeu de plateau ou de jeu de cartes. Mais je souhaite surtout que les étudiants aient une vraie connaissance des process de l’industrie vidéo-ludique, une idée précise des différents métiers et rôles qui la composent, une vision concrète de « l’envers du décor ».

ROB, Design, building & electronics : Tatiana Vilela, Design & development : Olivier Drouet, Graphics : Victoria Denys, Music : Marc « Burnlee » Belletre

Envisagez-vous des temps forts pédagogiques ? (rencontres, sorties, conférences…)

Idéalement oui, mais la situation sanitaire compliquant beaucoup les choses, il est pour l’instant difficile de se projeter et de s’organiser.

Quels sont les atouts selon vous de se former au Game design dans une école de design graphique et numérique telle que le Campus ?

Beaucoup d’étudiants en Game design font l’erreur de ne s’intéresser qu’à cette discipline, alors qu’il est toujours intéressant d’avoir plusieurs cordes à son arc. Une « double casquette » fréquente étant de combiner des compétences en Game design et en programmation. Il est par contre plus rare de rencontrer des Game designers ayant une véritable appétence pour les arts graphiques et capables de proposer des expériences esthétiques fortes. Et de façon plus pragmatique, maîtriser les outils graphiques est également un excellent atout pour faciliter la communication.

Quelles qualités faut-il avoir pour travailler comme game designer ?

Je dirai être curieux (dans le bon sens du terme), avoir de bonnes capacités d’analyse et de synthèse, savoir se remettre en question mais sans constamment douter de soi et surtout savoir écouter et communiquer. Mais le Game design est un domaine dans lequel pratiquement toutes les qualités, connaissances et compétences peuvent être mises à profit, ne serait-ce que comme source d’inspiration.

EXIN, Design, graphics & music : Tatiana Vilela, Design & development : Olivier Drouet

Comment vous est venue cette passion pour le Game design ?

C’est une réponse très cliché, mais j’ai honnêtement le souvenir d’avoir toujours aimé découvrir de nouveaux jeux, apprendre de nouvelles règles, le détourner et inventer les miennes. J’ai commencé enfant avec des jeux de plateau et des jeux de cartes, puis par la suite des jeux vidéo.

Quel est l’avenir de cette discipline selon vous ?

C’est une question difficile et je n’ai malheureusement pas de réponse particulièrement intelligente à apporter. L’évolution des jeux vidéo est en très grande partie liée à l’évolution technologique. Une réponse « sûre » serait de s’intéresser de façon plus systématique à toute nouvelle technologie disponible et la mettre à l’épreuve pour tenter d’en extraire son potentiel ludique. Mais d’une façon plus générale, je pense surtout que le Game design doit s’ouvrir et se diversifier, suivre l’évolution du monde plutôt que de freiner des quatre fers et rester ancré dans une vision du marché archaïque et des archétypes de jeu usés jusqu’à la corde. Mais il y a à l’heure actuelle trop peu de mouvement dans ce sens en dehors du milieu indé.

ISOCHRONE : Design, graphics & music : Tatiana Vilela, Design & development : Olivier Drouet, Prototyping : Leon Denise, Original Music : Piano Phase by Steve Reich

La situation sanitaire actuelle a-t-elle un impact sur la discipline ?

Pour le Game design précisément, je dirais assez peu. S’il est souvent plus simple de communiquer quand on se trouve physiquement autour de la même table ou dans le même open-space, il est tout à fait possible de travailler à distance.

Quels sont vos coups de cœur du moment en termes de jeux vidéo ?

Pour être honnête je n’ai pas joué à beaucoup de jeux récents, mais je pourrai citer l’excellent Street of Rage 4La pandémie m’ayant surtout donné le temps de rattraper mon retard et tester quelques jeux indie, un peu plus anciens, mais vraiment excellents comme Baba is you, Return of the Obra Dinn et Do Not Feed the MonkeysSinon bien sûr j’attends la sortie de Cyberpunk 2077 avec impatience (en espérant avoir le temps d’y jouer à la sortie…).

Site Web d’Olivier Drouet : http://​olivierdrouet​.com/

Plus d’informations à venir dès la rentrée sur la formation en Game design !

Crédits visuel de couverture : Dead Pixels, Design, graphics, music & building : Tatiana Vilela, Design, development & building : Olivier Drouet